Le poirier-au-loup, rest-ô-livre, c’est bien sûr une bouquinerie, c’est à dire un lieu où la bouquiniste vend des livres ayant déjà « servi », ayant déjà été lus.
Ils ne sont donc pas neufs parfois même ils sont usagés, usés, avec des coins marqués, des miettes de gâteau, des pages entières soulignées... Ils peuvent aussi avoir attendu des jours meilleurs dans une cave ou un grenier, ils sont alors piquetés et peuvent sentir l’odeur des livres oubliés.
Mais leur contenu lui n’a pas changé ! Il peut toutefois être dépassé, ne plus correspondre aux connaissances actuelles pour les livres de sciences ou les livres pratiques ou, pour les livres généralistes ne plus correspondre à nos attentes, même si la « princesse de Clèves » peut toujours être d’actualité, il n’en est pas de même pour « connaissance du SIDA » datant d’avant les trithérapies.
C’est le paradoxe du livre et c’est ce qui en fait son caractère unique voire sacré : il est porteur de notre Humanité dans l’espace et dans le temps et nul ne peut le contrôler : la censure, les autodafés de l’Histoire n’ont pas réussi à le faire disparaître sauf rares exceptions. Quand sera-t-il de nos planchettes, tablettes et autre supports d’idées ?
Ce qui diffère le poirier au loup des autres bouquineries c’est que c’est un restaurant aussi donc avec des tables et surtout des chaises, et même un fauteuil et l’été des chaises longues, avec la possibilité de lire un bouquin avant de l’acheter... sous réserve de ne pas l’abimer !
Une autre conséquence est que les livres ne peuvent envahir l’espace et il est sans doute plus facile d’y retrouver ses auteurs préférés, classés avec patience par Rémi.
Alors reste ô livre et dans la bouquinerie continue ta vie !