Est-ce que tous les livres se valent ou y a-t-il des livres qui méritent de poursuivre leur carrière dans cette bouquinerie, résolument engagée qu’est le poirier au loup et d’autres non ?
Le livre support de la pensée peut toujours être utile : il y a un marché pour les livres de décoration qui permettent soit de décorer un mur soit de faire croire que l’on est un lecteur assidu :-), de même qu’il y a des bouquinistes spécialisés des livres anciens, ce qui n’est pas le cas au Poirier au loup.
Reste que l’intérêt premier d’un livre est son contenu. Or il n’est pas possible d’avoir tous les livres dans un aussi petit espace que le poirier au loup qui en contient près de 7000, visibles, en accès direct et 6000 dans des cartons triés aussi par auteurs et par genre....
C’est pourquoi les livres scolaires, répondant à un programme ne sauront pas admis à passer la porte, pas plus qu’un manuel d’université, sauf les manuels généralistes. Parfois, ils trouvent toutefois grâce aux yeux de la bouquiniste, du fait de leur grand âge :-) En revanche les ouvrages permettant de comprendre une œuvre, une langue, un livre en quelque sorte « intemporel » trouvent leur place, sous le porche.
Il y a donc classés par thème : des policiers, de l’Histoire, de l’humour, de la politique, des science-fiction (SF), des Arlequins, des livres pour enfants et adolescents (eux aussi classés ce qui est rare en bouquinerie), des sciences, des livres de vie quotidienne, bref tout ce qui fait la richesse de la pensée humaine.
Ils sont classés alors quand vous en prenez un, n’oubliez pas de mettre en biais son voisin pour retrouver sa place... Rien de plus difficile que de classer les livres par ordre alphabétique (plus de 50 heurs de travail :-))
Et puis, sans honte, je l’avoue je censure certains livres et donc certaines idées, même si cela me fait mal au cœur, mais le contenu de certains imprimés est tellement nauséabond que je jette le livre, avec toujours une pointe de regret : ainsi Alexis Carrel, des livres d’hommes politiques aux discours anti-républicains ou les zélateurs de secte de tous poils n’entreront pas au rest-ô-livre. Cette subjectivité est totalement assumée.
Quant à leurs origines, elles sont multiples :
- livres familiaux de 60 ans sans télévision,
- livres achetés à Emmaüs ou au Secours populaire, voire sur internet en cas de demande précises, je vous trouve les livres de vos souvenirs ...
- livres déposés sur le pas de la porte tels les bébés abandonnés ou apportés dans des cartons,
- livres recherchés par la bouquiniste dans des maisons d’où l’on doit déménager avec peine.
- Il leur arrive, rarement, d’être récupérés dans des boites à livres, lorsqu’ils correspondent à des demandes (ah les livres sur la résistance retrouvés fort loin de leur lieu d’origine), sentant souvent le moisi des livres abandonnés à eux même...