Le chat qui voulait voir la mer
Dis papa, racontes nous une histoire sans livre ;
D’accord, une histoire de quoi ?
Une histoire de sa
Une histoire de sa ?, ah de chat
Oui de sa.
Mais non papa a dit qu’on dit chat, pas sa
Papa s’installe dans le fauteuil à câlins (et à histoires sans livre), Louise-Michel sur les genoux, Énimie et Maïeul sur les flancs du fauteuil (le fauteuil à câlins est un énorme fauteuil polonais idéal pour raconter des histoires à trois enfants)
Premier épisode
Il était une fois…, il y a très longtemps,
Un chaton qui s’appelait…
Dis, il s’appelait comment ???
Pelote de Laine
C’est un drôle de nom !
Mais oui, il s’appelait de Laine comme son papa et son papi et tous les chats de sa famille, et Pelote c’est un prénom que l’on donne souvent aux chats.
Donc il était une fois un chaton, déjà grand mais encore chat, qui habitait dans une ferme d’Alicie, le pays d’Alice. Comme tous les chatons, il allait à l’école des chats où le vieux Mistigri faisait les leçons
Je savais pas que les chats allaient à l’école
Nos chats à nous non, mais dans ce pays, les chatons vont à l’école, ils apprennent l’histoire des chats depuis l’Égypte, la géographie, à compter, à lire les écritures de chat et surtout leur futur travail
Ils travaillent à quoi les chats ?
À attraper les souris et les rats, pour qu’ils ne mangent pas le blé des humains
Mais Pelote de Laine, ce qu’il aimait surtout c’est la géographie et surtout regarder les grandes cartes où l’on voit les montagnes, les fleuves et les mers. Et Pelote de Laine était un chaton très bizarre : il adorait se baigner. D’habitude les chats détestent l’eau et ils se lavent sans jamais utiliser une goutte d’eau, avec leur langue. Mais Pelote de Laine, lui il allait se baigner.
Et presque tout le monde se moquait de lui. Palmipède XI, un jeune canard qui voulait être le roi des canards lui disait un peu méchamment « vilain chat, qui vient salir l’eau des canards », comme si l’eau des canards était propre. Les chats aussi se moquaient de lui et ses parents s’inquiétaient fort de cette habitude ; ils n’avaient pas trop peu qu’il se noie car il savait bien nager, mais ils se disaient qu’avec une telle bizarrerie, la vie ne serait pas drôle pour lui.
Il se baignait, mais il rêvait aussi et il rêvait surtout de voir la mer. Un jour où l’on avait été un peu trop moqueur de lui, il déclara « puisqu’on m’aime pas ici, je vais partir voir la mer ». Tout le monde rigola. Mais quant la nuit fut tombée et toute la ferme endormie, même Médor qui devait pourtant faire la garde, Pelote de Laine quitta son lit douillet, prit son sac à dos bien rempli de quelques morceaux de viande chipés au fermier et partit.
Pelote de Laine savait que pour aller à la mer, il faut suivre les rivières en marchant toujours en descente. Aussi, il traversa les champs jusqu’au petit ruisseau qui passait non loin de là. Comme il faisait nuit noire, personne ne le vit, et lui comme tous les chats voyait très bien la nuit.
Au bout de quelques heures à marcher et à trotter, le ruisseau rejoignit une petite rivière et Pelote de Laine longeait maintenant de l’eau vive. Comme cela doit être bon de se baigner là-dedans. Aussitôt dit, aussitôt fait, Pelote de Laine cache son sac à dos et à l’eau. Oh, qu’elle est fraîche ! Il nage un peu et a vite froid. Vite je vais rejoindre la rive. Mais là, ça ne va pas du tout : il est entraîné par le courant, il boit la tasse, est entraîné au fond de la rivière, se cogne la tête contre un caillou, arrive à ressortir pour respirer mais est de nouveau entraîné, et pour finir est entraîné par un courrant très fort, il croit qu’il va se noyer. Mais non ! ouf ! la rivière est de nouveau calme et au dessus de lui, il voit une petite digue : il venait de passer le barrage d’un moulin. Ouf, il est sauvé !
Il a eu très peur Pelote de Laine ?
Et oui, il a cru qu’il allait se noyer. Mais avec l’eau calme, il est rassuré. Il regagne la rive, s’ébroue, éternue et remonte. Il cherche son sac et…
Et… à votre avis
Il ne le trouve pas…
Et oui, et pourquoi
On lui a chipé
Et non
Je sais pas, je sais pas, je sais il s’est trompé de coté
Eh oui, il s’est trompé de rive. Il voit même son sac de l’autre coté. Il faut retraverser. Mais pas question de le faire ici. Pelote de Laine redescend jusqu’au moulin, c’est plus prudent.
Enfin, il retrouve son sac, se précipite dessus, et épuisé par les émotions et sa longue marche s’endort sur son sac.
Quand il se réveille, le soleil est bien haut dans le ciel. Il fait chaud et il est complètement sec. Mais il commence à avoir un petit creux. Heureusement il a des provisions, parce qu’il n’est pas très sûr de trouver une souris à attraper.
Pendant toute la journée, il marche descend la rivière, qui devient de plus en plus grosse, tellement il y a de ruisseaux qui arrivent dedans. Dès fois, c’est même un peu difficile pour traverser car il y a du courant, et pas toujours de pont. Il est fatigué, mais il avance.
Pelote de Laine marcha ainsi pendant un grand nombre de jours et il ne voyait toujours pas la mer. Dès fois, il demandait aux gens qu’il rencontrait :
À un castor, il demanda « c’est encore loin la mer ? »
– « je ne sais pas dit le castor, j’y vais jamais.
À une loutre, il demanda, « c’est bien par là, la mer »
Et la loutre lui répondit « c’est quoi la mer ». Pelote de laine lui répondit « c’est de l’eau, tout en bleu sur les cartes », mais la loutre ne savait même pas ce que c’était qu’une carte
Un jour, il s’aperçut qu’il n’avait plus rien à manger. Il grimpa dans un arbre pour réfléchir, comme les chats le font souvent. Vais-je essayer d’attraper des souris, ou plutôt des poissons ? Il préférait plutôt les poissons et il voyait bien qu’il y en avait, puisqu’il y avait des pêcheurs. Mais il n’avait jamais pêché des poissons dans une rivière. Il était en train de méditer quand justement un pêcheur arriva.
Tiens, je vais lui demander
« Monsieur le pêcheur, vous pouvez m’apprendre à attraper des poissons, j’ai faim, et j’aime bien les poissons »
Le pêcheur était un monsieur très gentil, mais il était très étonné par la question. Il réfléchit un peu puis dit « nous les humains, on utilise des cannes à pêche, on met un asticot au bout d’un fil attaché à un bout de bois, et quand le poisson tire pour manger l’asticot, on tire plus fort que lui et on mange ensuite le poisson ; mais mes cannes à pêche sont trop grandes pour toi. Tu pourrais peut-être en fabriquer une à ta taille. Mais c’est vrai que tu as l’air affamé ; tiens prends donc ce poisson »
« merci beaucoup dit Pelote de Laine en avalant son poisson, arêtes comprises. Je vais essayer »
Mais je crois que les chats, ils attrapent directement avec leur patte
Ah oui, je ne savais pas, à l’école on m’a juste appris à attraper les souris, pas les poissons
Pelote de Laine essaie. Il se met au bord de l’eau et quand un poisson passe, hop la patte à toute vitesse. Plusieurs fois la manœuvre échoua, mais enfin il y parvint. Il pêcha plusieurs poissons, en mangea deux ou trois, en donna deux au pêcheur pour le remercier, en mit deux pour son prochain repas puis se décida à repartir
« au revoir Monsieur le pêcheur,
au revoir , petit chat
Tout en marchant, mais au moins une lieue plus bas (en ce temps on comptait en lieu, pas en kilomètres, et une lieue cela fait quatre kilomètres), il se dit « zut, j’aurais dû lui demander où était la mer, il devait savoir ».
Maintenant qu’il savait pêcher, cela allait mieux. Mais il ne voyait toujours pas la mer et personne ne savait, ni les castors, ni les loutres, ni un canard sauvage, ni la poule d’eau. Il était de nouveau découragé et en plus il ne pouvait pas toujours se baigner car l’eau allait vite.
Il commençait à être un peu triste.
Il va pleurer Pelote de Laine ?
Il retient ses larmes, mais il est courageux et il ne pleure pas.
Comment il va faire ?
Il ne sait pas, mais il repart quand soudain la rivière s’élargit et, il voit un drôle de gros animal qui nage dans la rivière et fait des sauts joyeux
C’est qui cet animal ?
Pelote de Laine lui demande. Il crie « comment tu t’appelles ? », très fort car le drôle de poisson est encore loin. Le mystérieux animal a dû entendre car il se rapproche de la rive. Pelote de Laine lui redemande « ohé, comment t’appelles-tu ? »
– « je suis Dollo le Dauphin, et toi ? tu es qui, un tigre ?
« Mais non, je ne suis pas un tigre, je suis tout petit et les tigres c’est… c’est comment les tigres ?
« grand, grand, comme un chat mais cent fois plus grand,
« non mille fois plus grand »
Mais revenons à Pelote de Laine : « je suis Pelote de Laine, je suis un chat et je veux voir la mer, je viens de très loin pour voir la mer ».
« Tu y es presque, regarde ici c’est l’estuaire, la rivière est plus large et elle commence à être bleue, bientôt ce sera la mer, toute bleue, mais comment va tu y aller
« tu m’a donné du courage, je vais continuer à suivre le stuaire (il s’est trompé le chat, c’est l’estuaire » dit Pelote de Laine.
« hum, hum, j’ai une meilleure idée, montes sur mon dos, je t’emmènerai jusqu’à la mer et on fera un petit tour
« chouette, c’est une bonne idée, oh que je suis content…
Mais les enfants, n’est-il pas un peu tard, l’heure d’aller dormir.
Mais papa, on veut la fin de l’histoire.
C’est une histoire encore bien longue, je raconterai la suite plus tard parce que si je continue vous allez tous vous endormir.
D’accord.
FIN DU PREMIER ÉPISODE DU CHAT QUI VOULAIT VOIR LA MER ;
2e épisode
Dis papa, racontes nous une histoire sans livre ;
D’accord, une histoire de quoi ?
La suite de Pelote de Laine
Ah oui, on en était resté où ?
Il allait monter sur le dos du dauphin. Mais j’ai pas compris pourquoi on disait qu’il était fou.
Parce que les chats, en général n’aiment pas l’eau, et que lui il aimait beaucoup l’eau…
Dollo le dauphin se mit tout près du bord. Il faut savoir que les dauphins sont très intelligents et très joueurs. Il dit à Pelote de Laine « allez, grimpe sur mon dos, je t’emmène en mer et tiens toi bien…, tu sais nager au moins ? »
« oui, mais pourquoi ? »
« si tu tombes à l’eau…
Pelote de Laine était un peu effrayé à l’idée de tomber à l’eau, il savait nager certes, mais au milieu de la grande eau qu’il voyait, il n’était pas rassuré. Dollo s’en aperçut et lui dit « t’inquiètes pas, je ne ferai pas tomber, mais tiens toi bien, allez hop on y va.
Dollo fila tout de suite au milieu de l’estuaire et nagea à toute vitesse vers la mer. Pelote de Laine sentait le vent frais qui soufflait à ses oreilles, et sifflait même un peu. Il était émerveillé de voir tant d’eau, et il voyait à peine la terre. Tout d’un coup, il aperçut des taches qui sautait dans l’eau. « c’est quoi, là bas ? »
– « ce sont mes copains », répondit le dauphin, « on va aller les voir ».
Effectivement, on arriva très vite aux autres dauphins. Il y avait au moins 25 ou 30 dauphins qui jouaient en sautant dans l’eau, qui plongeaient, ramenaient parfois un poisson qu’il mangeait
« les copains, je vous présente Pelote de Laine, c’est un chat »
« un chat, c’est quoi un chat, » s’écrièrent en chœur les dauphins qui n’avaient jamais vu de chat.
Pelote de Laine essaya de parler mais avec sa petite voix et le bruit du vent, personne n’entendait ce qu’il disait.
Heureusement, Dollo intervint « allez rapprochez vous et taisez vous, vous voyez qu’il ne peut pas parler fort ».
Quand tous les dauphins se furent approchés et se turent enfin, Pelote de Laine put enfin parler et leur tint ce discours « Je suis un chat, j’habite une ferme loin d’ici, près d’une rivière. Mon travail est de chasser les souris mais je préfère manger les poissons. Et je voulais voir la mer et je me suis sauvé, et j’ai fais un grand voyage et je dis un grand merci à Dollo qui m’a amené ici.
Une petite dauphine, à peine deux mètres de long dit gentiment à Pelote de Laine, si tu aimes les poissons, je vais t’en chercher, il y en encore plein ici, même si les hommes en pêchent beaucoup. Sans attendre la réponse, elle plongea et remonta tout de suite avec quatre poissons qu’elle jeta sur le dos de Dollo. Pelote de Laine en mangea un car il avait faim, puis un deuxième par gourmandise « c’est très bon ces poissons mais je n’ai plus faim, je te les rends ». Ce fut alors une grande pagaïe car tout le monde se mit à parler en même temps. Les dauphins qui mangent 25 kilos de poissons par jour, étaient très étonnés que Pelote de Laine soit rassasié avec deux poissons seulement. Pelote de Laine voulait expliquer que c’était pas les mêmes poissons que ceux de sa rivière. Plusieurs dauphins posaient des questions à Pelote de Laine « c’est quoi une souris ? elle est chaude l’eau de ta rivière ? tu vas habiter ici ? tu as de drôles de pattes ? tu manges les crabes ?. Pelote de Laine posait aussi des questions « c’est quoi un crabe, c’est quoi une île ? etc. » C’était un grand tohu-bohu et comme en plus Pelote de Laine confondait tous les dauphins, les réponses et les questions se mélangeaient dans tous les sens. Mais malgré tout chacun apprit quelque chose.
Papa ? c’est quoi un tohu-bohu ?
C’est quand tout le monde parle en même temps et qu’on ne comprend plus rien du tout, vraiment plus rien. Comme dans cette histoire et comme des fois à la maison.
Bon, au bout d’un certain temps, Dollo reprit l’initiative. « allez on continue, je vais t’amener à l’île aux crabes » Vous savez ce qu’est un crabe les enfants ?
C’est une bête avec plein de pattes qui marche au fond de la mer.
C’est très compliqué à manger et il faut de la mayonnaise et j’aime pas ça
C’est pas des pattes, c’est des pinces et la mayonnaise c’est pas obligé, d’ailleurs les dauphins ils savent pas faire la mayonnaise.
Oui c’est à peu près cela. Tenez je vais vous montrer une photo dans un livre (papa va chercher un livre sur la mer et montre les photos des crabes, et aussi des dauphins et d’autres animaux, puis l’histoire reprend).
« salut les copains —, dit Dollo, — j’amène notre ami à l’île aux crabes, comme ça il pourra y dormir
« j’ai peur des crabes, dit Pelote de Laine »
« t’inquiètes pas, ils sont dans l’eau et toi tu pourras dormir dans l’île, sur un arbre même si tu veux »
« chouette alors »
C’est en arrivant que Pelote de Laine comprit qu’une île, c’était de la terre entourée d’eau. Dollo lui montra bien en faisant deux fois le tour de la petite île avant de se mettre près du bord.
« Je ne peux pas aller plus près, dit-il, cela manque d’eau. Tu vas sauter. J’ai faim je vais aller pêcher un peu et je reviens. Tu ne risques rien. Tu veux que je ramènes des poissons, ou tu manges les crabes ?
« Je veux bien des poissons.
Pelote de Laine sauta du dos de Dollo et nagea quelques mètres pour arriver à l’île aux crabes. Dollo fila pour manger des poissons.
Cela fit tout drôle à Pelote de Laine de se retrouver tout seul dans cet île. Il décida d’en faire le tour. Il y avait un arbre, un petit pin et Pelote de Laine décida qu’il dormirait en haut de l’arbre. Il y avait les crabes dans l’eau et même quelques uns dans le sable. Pelote de Laine décida d’essayer d’en manger un. Il en attrapa un petit, mais il se fit pincer. « Oh là là se dit-il, c’est pas commode à manger, je vais plutôt voir si il y a des poissons ». Il y en avait, il en mangea deux ou trois, des petits. Tout cela lui avait donné bien soif et il décida de goûter l’eau de la mer
« Beurk ! cria-t-il en recrachant l’eau.
À votre avis, les enfants, que s’est-il passé ?
L’eau de la mer, elle n’est pas bonne.
Elle est salée.
Il est bête Pelote de Laine, tout le monde sait que l’eau de la mer elle est salée !!!
Oui, tous les enfants peut-être, mais pas les chats. D’habitude les chats vont jamais dans la mer. Mais heureusement, il avait encore de l’eau douce dans sa gourde. Il but et tout de suite s’endormit sur le sable. Malgré les crabes, il dormit profondément et longtemps. Quand il se réveilla, le soleil était déjà levé.
Il regarda et vit Dollo qui jouait dans la mer
« Bien dormi ? « demanda Dollo — tu n’a même pas grimpé à l’arbre. Tu as faim ?
– non j’ai attrapé des poissons soif, mais l’eau n’est pas bonne et j’ai presque vidé ma gourde…
Dollo était très étonné de cette histoire d’eau pas bonne. Mais Pelote de Laine lui expliqua qu’il n’aimait pas l’eau salée et qu’il avait besoin de l’eau de la rivière.
Les dauphins, ils ne boivent pas ?
Je crois les enfants qu’eux peuvent boire l’eau de mer… Mais reprenons l’histoire.
« Bon, je vais t’emmener à la rivière. Veux-tu faire un petit tour en mer avant ?
– je veux bien mais pas trop longtemps, ce soir je veux dormir près d’une rivière, pas dans une île avec des crabes et pas de rivière ?.
– d’accord.
Dollo le dauphin s’enfonça dans la mer jusqu’à qu’on ne voit plus aucune terre. « on peut nager toujours et jamais voir la terre, dit-il, mais nous les dauphins, on préfère les bords, c’est plus rigolo. » Mais il n’y avait pas que de l’eau, il y avait aussi du monde. Dollo présenta Pelote de Laine à des baleines, montra des bateaux, des albatros et bien d’autres oiseaux. Cela dura presque toute la journée. Pelote de Laine était très fatigué et il avait faim et il était impossible de plonger pour attraper un poisson. Il voulait demander à rentrer quand soudain Dollo cria :
« tu voies l’horizon qui deviens tout noir ? cela sera bientôt la tempête, on rentre vite »
Le voyage de retour se fit à toute allure. Dollo fonçait droit. Pelote de Laine se demandait comment il faisait alors qu’on ne voyait rien. Les nuages arrivaient et il commençait à y avoir des grosses vagues qui donnaient mal au cœur. Cela montait et descendait à toute vitesse et les embruns salés et iodés mouillaient notre ami.
« accroche toi bien !
Le conseil était inutile. Pelote de Laine se cramponnait au dos du Dauphin si bien qu’il ne tomba pas. Heureusement ! car avec l’obscurité de la nuit tombante et de la tempête, Dollo n’aurait pas pu le repêcher dans la mer tumultueuse.
Enfin, on arriva à l’estuaire. Dollo déposa Pelote à l’endroit même où il l’avait rencontré la veille. Pelote de Laine était tout secoué de ce voyage dans la tempête. La mer c’est bien quand il fait beau, avec la tempête c’est pas drôle. Après avoir bu de l’eau douce, il put enfin parler.
« Merci pour ce beau voyage…
« tu veux recommencer demain une promenade dans la mer ??
« - oh non, demain je vais rentrer. On doit s’inquiéter à la ferme. Dommage que tu ne puisses pas venir avec moi. Mais je reviendrai bientôt. En réalité, Pelote de Laine se moquait bien de savoir si on s’inquiétait à la ferme où il pensait qu’on ne l’aimait pas beaucoup, mais il avait surtout peur de la tempête.
« alors au revoir ! »
« au revoir ! »
Pelote de Laine s’installa confortablement dans un arbre pour passer la nuit. Le lendemain, c’était encore un peu la tempête. Il y avait plein de choses sales rejetées sur les rives. Pelote de Laine regarda l’estuaire et vit que Dollo était revenu pour un dernier au-revoir, accompagné de tous ses copains. Ils se dirent encore au-revoir, promirent se revoir ici même l’année prochaine. Cela dura presque toute la matinée, avec une ou deux interruptions pour pêcher. Puis quand le soleil fut en haut du ciel, Pelote de Laine se décida à partir et commença à remonter le long de l’estuaire puis de la rivière.
Le voyage de retour se fit sans encombre, en trois jours, et Pelote de Laine ne s’est jamais perdu. Arrivé à la ferme, tout le monde était joyeux de le revoir, même Palmipède XI, le canard d’habitude si méchant avec lui. Il raconta son histoire à tout le monde, et plusieurs fois.
Certains croyaient qu’il blaguait, d’autres qu’il disait vrai, mais à partir de ce jour là, tout le monde l’appela « Pelote de la mer » !
2e épisode
Dis papa, racontes nous une histoire sans livre ;
D’accord, une histoire de quoi ?
La suite de Pelote de Laine
Ah oui, on en était resté où ?
Il allait monter sur le dos du dauphin. Mais j’ai pas compris pourquoi on disait qu’il était fou.
Parce que les chats, en général n’aiment pas l’eau, et que lui il aimait beaucoup l’eau…
Dollo le dauphin se mit tout près du bord. Il faut savoir que les dauphins sont très intelligents et très joueurs. Il dit à Pelote de Laine « allez, grimpe sur mon dos, je t’emmène en mer et tiens toi bien…, tu sais nager au moins ? »
« oui, mais pourquoi ? »
« si tu tombes à l’eau…
Pelote de Laine était un peu effrayé à l’idée de tomber à l’eau, il savait nager certes, mais au milieu de la grande eau qu’il voyait, il n’était pas rassuré. Dollo s’en aperçut et lui dit « t’inquiètes pas, je ne ferai pas tomber, mais tiens toi bien, allez hop on y va.
Dollo fila tout de suite au milieu de l’estuaire et nagea à toute vitesse vers la mer. Pelote de Laine sentait le vent frais qui soufflait à ses oreilles, et sifflait même un peu. Il était émerveillé de voir tant d’eau, et il voyait à peine la terre. Tout d’un coup, il aperçut des taches qui sautait dans l’eau. « c’est quoi, là bas ? »
– « ce sont mes copains », répondit le dauphin, « on va aller les voir ».
Effectivement, on arriva très vite aux autres dauphins. Il y avait au moins 25 ou 30 dauphins qui jouaient en sautant dans l’eau, qui plongeaient, ramenaient parfois un poisson qu’il mangeait
« les copains, je vous présente Pelote de Laine, c’est un chat »
« un chat, c’est quoi un chat, » s’écrièrent en chœur les dauphins qui n’avaient jamais vu de chat.
Pelote de Laine essaya de parler mais avec sa petite voix et le bruit du vent, personne n’entendait ce qu’il disait.
Heureusement, Dollo intervint « allez rapprochez vous et taisez vous, vous voyez qu’il ne peut pas parler fort ».
Quand tous les dauphins se furent approchés et se turent enfin, Pelote de Laine put enfin parler et leur tint ce discours « Je suis un chat, j’habite une ferme loin d’ici, près d’une rivière. Mon travail est de chasser les souris mais je préfère manger les poissons. Et je voulais voir la mer et je me suis sauvé, et j’ai fais un grand voyage et je dis un grand merci à Dollo qui m’a amené ici.
Une petite dauphine, à peine deux mètres de long dit gentiment à Pelote de Laine, si tu aimes les poissons, je vais t’en chercher, il y en encore plein ici, même si les hommes en pêchent beaucoup. Sans attendre la réponse, elle plongea et remonta tout de suite avec quatre poissons qu’elle jeta sur le dos de Dollo. Pelote de Laine en mangea un car il avait faim, puis un deuxième par gourmandise « c’est très bon ces poissons mais je n’ai plus faim, je te les rends ». Ce fut alors une grande pagaïe car tout le monde se mit à parler en même temps. Les dauphins qui mangent 25 kilos de poissons par jour, étaient très étonnés que Pelote de Laine soit rassasié avec deux poissons seulement. Pelote de Laine voulait expliquer que c’était pas les mêmes poissons que ceux de sa rivière. Plusieurs dauphins posaient des questions à Pelote de Laine « c’est quoi une souris ? elle est chaude l’eau de ta rivière ? tu vas habiter ici ? tu as de drôles de pattes ? tu manges les crabes ?. Pelote de Laine posait aussi des questions « c’est quoi un crabe, c’est quoi une île ? etc. » C’était un grand tohu-bohu et comme en plus Pelote de Laine confondait tous les dauphins, les réponses et les questions se mélangeaient dans tous les sens. Mais malgré tout chacun apprit quelque chose.
Papa ? c’est quoi un tohu-bohu ?
C’est quand tout le monde parle en même temps et qu’on ne comprend plus rien du tout, vraiment plus rien. Comme dans cette histoire et comme des fois à la maison.
Bon, au bout d’un certain temps, Dollo reprit l’initiative. « allez on continue, je vais t’amener à l’île aux crabes » Vous savez ce qu’est un crabe les enfants ?
C’est une bête avec plein de pattes qui marche au fond de la mer.
C’est très compliqué à manger et il faut de la mayonnaise et j’aime pas ça
C’est pas des pattes, c’est des pinces et la mayonnaise c’est pas obligé, d’ailleurs les dauphins ils savent pas faire la mayonnaise.
Oui c’est à peu près cela. Tenez je vais vous montrer une photo dans un livre (papa va chercher un livre sur la mer et montre les photos des crabes, et aussi des dauphins et d’autres animaux, puis l’histoire reprend).
« salut les copains —, dit Dollo, — j’amène notre ami à l’île aux crabes, comme ça il pourra y dormir
« j’ai peur des crabes, dit Pelote de Laine »
« t’inquiètes pas, ils sont dans l’eau et toi tu pourras dormir dans l’île, sur un arbre même si tu veux »
« chouette alors »
C’est en arrivant que Pelote de Laine comprit qu’une île, c’était de la terre entourée d’eau. Dollo lui montra bien en faisant deux fois le tour de la petite île avant de se mettre près du bord.
« Je ne peux pas aller plus près, dit-il, cela manque d’eau. Tu vas sauter. J’ai faim je vais aller pêcher un peu et je reviens. Tu ne risques rien. Tu veux que je ramènes des poissons, ou tu manges les crabes ?
« Je veux bien des poissons.
Pelote de Laine sauta du dos de Dollo et nagea quelques mètres pour arriver à l’île aux crabes. Dollo fila pour manger des poissons.
Cela fit tout drôle à Pelote de Laine de se retrouver tout seul dans cet île. Il décida d’en faire le tour. Il y avait un arbre, un petit pin et Pelote de Laine décida qu’il dormirait en haut de l’arbre. Il y avait les crabes dans l’eau et même quelques uns dans le sable. Pelote de Laine décida d’essayer d’en manger un. Il en attrapa un petit, mais il se fit pincer. « Oh là là se dit-il, c’est pas commode à manger, je vais plutôt voir si il y a des poissons ». Il y en avait, il en mangea deux ou trois, des petits. Tout cela lui avait donné bien soif et il décida de goûter l’eau de la mer
« Beurk ! cria-t-il en recrachant l’eau.
À votre avis, les enfants, que s’est-il passé ?
L’eau de la mer, elle n’est pas bonne.
Elle est salée.
Il est bête Pelote de Laine, tout le monde sait que l’eau de la mer elle est salée !!!
Oui, tous les enfants peut-être, mais pas les chats. D’habitude les chats vont jamais dans la mer. Mais heureusement, il avait encore de l’eau douce dans sa gourde. Il but et tout de suite s’endormit sur le sable. Malgré les crabes, il dormit profondément et longtemps. Quand il se réveilla, le soleil était déjà levé.
Il regarda et vit Dollo qui jouait dans la mer
« Bien dormi ? « demanda Dollo — tu n’a même pas grimpé à l’arbre. Tu as faim ?
– non j’ai attrapé des poissons soif, mais l’eau n’est pas bonne et j’ai presque vidé ma gourde…
Dollo était très étonné de cette histoire d’eau pas bonne. Mais Pelote de Laine lui expliqua qu’il n’aimait pas l’eau salée et qu’il avait besoin de l’eau de la rivière.
Les dauphins, ils ne boivent pas ?
Je crois les enfants qu’eux peuvent boire l’eau de mer… Mais reprenons l’histoire.
« Bon, je vais t’emmener à la rivière. Veux-tu faire un petit tour en mer avant ?
– je veux bien mais pas trop longtemps, ce soir je veux dormir près d’une rivière, pas dans une île avec des crabes et pas de rivière ?.
– d’accord.
Dollo le dauphin s’enfonça dans la mer jusqu’à qu’on ne voit plus aucune terre. « on peut nager toujours et jamais voir la terre, dit-il, mais nous les dauphins, on préfère les bords, c’est plus rigolo. » Mais il n’y avait pas que de l’eau, il y avait aussi du monde. Dollo présenta Pelote de Laine à des baleines, montra des bateaux, des albatros et bien d’autres oiseaux. Cela dura presque toute la journée. Pelote de Laine était très fatigué et il avait faim et il était impossible de plonger pour attraper un poisson. Il voulait demander à rentrer quand soudain Dollo cria :
« tu voies l’horizon qui deviens tout noir ? cela sera bientôt la tempête, on rentre vite »
Le voyage de retour se fit à toute allure. Dollo fonçait droit. Pelote de Laine se demandait comment il faisait alors qu’on ne voyait rien. Les nuages arrivaient et il commençait à y avoir des grosses vagues qui donnaient mal au cœur. Cela montait et descendait à toute vitesse et les embruns salés et iodés mouillaient notre ami.
« accroche toi bien !
Le conseil était inutile. Pelote de Laine se cramponnait au dos du Dauphin si bien qu’il ne tomba pas. Heureusement ! car avec l’obscurité de la nuit tombante et de la tempête, Dollo n’aurait pas pu le repêcher dans la mer tumultueuse.
Enfin, on arriva à l’estuaire. Dollo déposa Pelote à l’endroit même où il l’avait rencontré la veille. Pelote de Laine était tout secoué de ce voyage dans la tempête. La mer c’est bien quand il fait beau, avec la tempête c’est pas drôle. Après avoir bu de l’eau douce, il put enfin parler.
« Merci pour ce beau voyage…
« tu veux recommencer demain une promenade dans la mer ??
« - oh non, demain je vais rentrer. On doit s’inquiéter à la ferme. Dommage que tu ne puisses pas venir avec moi. Mais je reviendrai bientôt. En réalité, Pelote de Laine se moquait bien de savoir si on s’inquiétait à la ferme où il pensait qu’on ne l’aimait pas beaucoup, mais il avait surtout peur de la tempête.
« alors au revoir ! »
« au revoir ! »
Pelote de Laine s’installa confortablement dans un arbre pour passer la nuit. Le lendemain, c’était encore un peu la tempête. Il y avait plein de choses sales rejetées sur les rives. Pelote de Laine regarda l’estuaire et vit que Dollo était revenu pour un dernier au-revoir, accompagné de tous ses copains. Ils se dirent encore au-revoir, promirent se revoir ici même l’année prochaine. Cela dura presque toute la matinée, avec une ou deux interruptions pour pêcher. Puis quand le soleil fut en haut du ciel, Pelote de Laine se décida à partir et commença à remonter le long de l’estuaire puis de la rivière.
Le voyage de retour se fit sans encombre, en trois jours, et Pelote de Laine ne s’est jamais perdu. Arrivé à la ferme, tout le monde était joyeux de le revoir, même Palmipède XI, le canard d’habitude si méchant avec lui. Il raconta son histoire à tout le monde, et plusieurs fois.
Certains croyaient qu’il blaguait, d’autres qu’il disait vrai, mais à partir de ce jour là, tout le monde l’appela « Pelote de la mer » !